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La solidarité passe aussi par l'apiculture

Par Isabelle APPY

Publié le 17/04/18 à 15:38 - Mis à jour le 17/04/18 à 15:56


 Photo Serge Mercier








Sylvie Bouchet est notaire spécialisée en droit agricole. L'apiculture est sa passion, qu'elle pratique en amateur.



La pétillante Sylvie Bouchet pratique l'apiculture en amatrice à Rognes. Une petite tribu qu'elle a formée autour d'elle et qu'elle entend bien agrandir avec l'ouverture à Marseille de la première miellerie associative et solidaire


À l'automne, trois députés européens socialistes (Eric Andrieu, Guillaume Balas et Jean- Paul Denanot) cosignaient une tribune dans le journal "Le Monde" afin d'interdire les insecticides néonicotinoïdes en Europe et structurer la filière apicole. Un appel pour que l'Union Européenne prenne conscience qu'il manque actuellement "13 millions de ruches pour favoriser la pollinisation". Dans le même temps, plus localement, les apiculteurs se mobilisaient en novembre pour la survie de l'Itsap (Institut technique et scientifique de l'apiculture et de la pollinisation) basé sur le site de l'Inra d'Avignon, à Montfavet. Un message d'urgence lancé au gouvernement alors que de nombreux fléaux déciment les abeilles. Or ces insectes sont essentiels à l'équilibre de la biodiversité.

Des ruches sur les hauteurs de Rognes


À l'image de leur travail besogneux et discret, il se dit qu'il ne faut pas mépriser les petits commencements. C'est la sagesse du colibri dont l'essayiste Pierre Rabhi est le messager, et qui pourrait se résumer ainsi : faire sa part à son échelle. "Ce n'est pas moi avec mes ruches qui vais sauver le monde !", s'exclame d'ailleurs Sylvie Bouchet lorsque nous la rencontrons une première fois à quelques pas de la place Notre-Dame-du-Mont à Marseille. Avec des amis, elle fête l'ouverture de sa miellerie associative et solidaire dans ce quartier de la cité phocéenne sensible aux initiatives environnementales. Dire qu'elle est enthousiaste serait un euphémisme ! Sylvie Bouchet butine une joie de vivre et des idéaux qui l'ont lancée dans une aventure humaine voilà presque deux ans : créer un rucher et l'ouvrir à d'autres. Il s'appelle Le Miel d'Angèle.

Avec son associé Gérard et aidée de ses parents et amis, Sylvie Bouchet a installé une dizaine de ruches sur les hauteurs de Rognes. Ici les petites butineuses peuvent travailler dans un environnement de plus de 30 hectares, spécialement aménagé pour elles puisque le duo a planté plus de 300 végétaux mellifères. Ils y passent deux heures par week-end à s'occuper de ce qu'ils nomment leurs "filles". "Nous avons tous les deux des métiers très prenants et stressants, venir ici, c'est presque un moment de méditation", explique celle qui se dit "happy-cultrice" et qui se distingue des "vrais pros qui ont un courage immense".

Lui, est directeur général chez Mollar à Aix-Les Milles. Elle, est notaire à Lauris, spécialisée en droit agricole. Dans son office notarial d'ailleurs, elle ne cache pas son amour des abeilles, en parle volontiers avec ses collaborateurs. "Je reste militante jusque dans mon métier !", s'amuse Sylvie Bouchet aussi pétillante dans son rucher que dans son bureau jaune vif. Et qui, à part les abeilles, a aussi pour combats la survie des bistrots de village et les jardins d'ouvrier. Pompeusement, on écrirait qu'elle aime ce qui "crée du lien", faire "cohésion". Sylvie Bouchet préfère parler de "tribu" qu'elle définit ainsi : "Parler, discuter, avoir un vrai médian que sont les abeilles et créer un mini-mouvement colibri". Son rêve ultime serait que parmi les enfants qui viennent visiter son rucher se trouvent des scientifiques ou des biologistes en herbe, de ceux qui apportent des solutions pour la planète.

Parrainer une ruche et récolter son miel


Pour impulser ce mouvement, le rucher a été pensé à deux niveaux, sous forme de société civile d'exploitation agricole et sous forme d'association. D'un côté, les deux associés cherchent des entreprises ou des particuliers qui souhaitent parrainer une ruche, un investissement à hauteur de 1 000 euros qui permet au parrain de suivre des formations dans l'année, de participer au travail du rucher et de récolter et conserver une partie du miel.

Pour les particuliers qui souhaiteraient également se lancer dans l'aventure sans payer un tel montant, Le Miel d'Angèle va bientôt proposer des tutoriels pour accueillir une ruche chez soi et donnera l'opportunité d'apporter sa production à la miellerie marseillaise pour mutualiser les hausses. Ce local en plein cœur de Marseille, Sylvie Bouchet le voit comme la possibilité d'essaimer davantage son utopie d'une agriculture raisonnée. "Pour que tous les rêveurs de la terre puisse aller au bout de leur rêve et installer chez eux une, deux, trois ruches... Mince, il n'y a pas que sur les toits de Paris que nos butineuses peuvent s'épanouir. Si Paris peut le faire, Marseille fera mieux !" s'exclame- t-elle d'ailleurs pour présenter Le Miel d'Angèle. C'est sa petite goutte à elle, celle du Colibri.

Association Le Miel d'Angèle, 5/7 Rue Augustin Fabre, Marseille (6e).

Article extrait du magazine Gens du Sud n°66, disponible sur la boutique en ligne de La Provence.



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